Algérie Tours / DétoursDocumentaire de Leïla Morouche & Orianne Brun-Moschetti2007 ・ 114' ・ 4:3 ・ VF (Arabe STF) ・ VI (ST En)

Mention Spéciale du Jury Prix Images de Femmes au festival Vues d’Afrique (Montréal, 2008)
Distribution & VOD Les Mutins de Pangée ・ Disponible sur le catalogue de l’ADAV

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Un portrait de René Vautier affectueusement ramené par deux jeunes cinéastes
sur les lieux de ses tournages et de ses tournées “ciné-pops”
qui se mue peu à peu en une description bouleversante de l'Algérie
comme on ne la voit jamais en France.
[Nicole Brenez]

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Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, René Vautier, cinéaste militant, considéré comme le papa du cinéma algérien, met en place les ciné-pops. Nous re-créons, en sa compagnie, ce dispositif de projections itinérantes pour sillonner le pays en ciné-bus (Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou, Tébessa, Biskra) et pour entendre la voix des spectateurs sur la situation politique, la jeunesse et les conditions de vie des hommes et des femmes aujourd’hui.Il s'agit d'un premier long-métrage documentaire, tourné dans un contexte particulier, celui d'une Algérie qui sort de dix années de terreur, et qui voit peu à peu renaître ses institutions culturelles.

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À PROPOS DU FILM
Crédits
Camera : Julien Lesle, Ahlem Aussant-Leroy & Damien Marguet /// Super 8 : Leïla Morouche /// Son : Ludovic Elias & Guillaume Bouillé /// Régie : Ali Brahimi, Taïeb Djazouli & Abdelnour Ziani /// Techniciens & chauffeurs du Centre de Diffusion du Cinéma : Omar Djemaï, Aïssa, Malek & Chouchou /// Post-production : Orlan Roy /// Montage : Oriane Brun-Moschetti, Leïla Morouche & Ishani Flahaut /// Mixage : Charlie Van Der Elst Farra Vox Studios /// Étalonnage : Sébastien Koeppel /// Master numérique : Ishani Flahaut & Valentin Baillet /// Photographe : Hassan Mezine /// Musique originale : Marc ulrich (© 2006 Marc Ulrich / Bacano Éditions) /// Oud : Ahmed Khelifa /// Basse : Térence Meunier /// Guitare : Marc Ulrich /// Traductions : Malik Zouaoui (Arabe) & Richard Lewis (Anglais) /// Sous-titrage anglais : Marc Ulrich

René Vautier
La figure de René Vautier, dans le paysage cinématographique français, se situe dans la mouvance des cinéastes marginaux, atypiques, intègres et bien souvent rejetés voire niés par les institutions, car ils dérangent et ne répondent pas aux critères commerciaux. Cinéaste militant, engagé, non-conformiste, humaniste, convoyeur de paroles habituellement négligées, René Vautier a connu la censure sur pratiquement toute son œuvre. Jeune résistant, il choisit de faire du cinéma et entre à l’IdHec en 1946. la ligue de l’enseignement lui commande un film sur la façon de vivre dans les villages africains. Il réalise alors, à 21 ans seulement, Afrique 50, considéré comme le premier film anticolonialiste. Ce film plaidoyer contre le pouvoir colonial est une accusation hurlée aux spectateurs français qui lui vaut treize inculpations et un an de prison. À l’époque d’une France fière de sa mission civilisatrice en Afrique, rares sont ceux qui manifestent ouvertement un sentiment d’indignation. La censure impose le silence et n’admet aucune déviance. Dès 1956, Vautier s’attaque à la guerre d’Algérie autour de laquelle s’organise une fois de plus, une censure implacable touchant tous les domaines médiatiques et bien sûr artistiques. Il tourne là-bas les premières et pratiquement seules images des maquis de l’Armée de libération Nationale. de ces images de guerre sortent les films Algérie en flammes en 1957 puis Peuple en marche en 1962. Ces images lui attirent une fois de plus des démêlées avec les pouvoirs en place : il passera 25 mois dans une prison FLN, en Tunisie. Après l’Indépendance, il reste aux côtés des Algériens et fonde le centre Audiovisuel d’Alger sur les hauteurs de la ville (Ben Aknoun), première institution de formation aux métiers de l’audiovisuel du pays. Certains des grands noms du cinéma algérien tels Ahmed Rachedi, Mohamed Lakhdar Hamina ou encore Mohamed Bouamari en sont issus. Parallèlement à ces activités, il met en place le dispositif des ciné-pops, séances des projections itinérantes de films traitant de problèmes sociaux ou politiques suivis de débat à travers le pays. Pendant quatre ans, jusqu’en 1966, le réseau des ciné-pops touchera durablement la mémoire des spectateurs. Dix ans après l’Indépendance, en 1972, il réalise Avoir 20 ans dans les Aurès dont le scénario s’inspire de témoignages de soldats français de la guerre d’Algérie. Primé à Cannes, ce film courageux fait scandale, il en satisfait certains et en offusquent d’autres. caméra au poing, il s’est trouvé aux cœurs des luttes coloniales et sociales, en faveur de la paix, de la liberté d’expression et surtout de l’indépendance. Recueillir ses mémoires, tout en les mettant en perspective, c’est se confronter à l’Histoire.

Sur la route des Ciné-pops Découvrir l’Algérie d’aujourd’hui avec René Vautier, c’est à la fois renouer avec un passé dont il fut un témoin crucial et s’interroger sur l’actualité. Nous retournons avec beaucoup d’émotion sur les lieux où il a vécu et travaillé. Quelles traces en a-t-il gardées ? Quelles transformations le temps a-t-il opéré ? Que sont devenus le centre Audiovisuel de Ben Aknoun ? La casbah, théâtre principal de la Bataille d’Alger ? La cinémathèque Algérienne ? Si notre film permet de cerner l’implication et l’impact de ce cinéaste pendant la guerre et après l’Indépendance, c’est surtout l’occasion de faire revivre le dispositif des ciné-pops dans des villes qui ont compté pour lui : Alger, Bejaia, Tizi Ouzou, Tébessa et Biskra. Nous avons choisi de passer des films du répertoire algérien car montrer ces films permet de tester la résistance, le sens et l’impact des images face au temps, suivant les régions et les générations et de capter la sensibilité, le vécu et l’intérêt des spectateurs. Dans chaque ville et pour chaque projection, nous filmons la mise en place, le déroulement et les débats, souvent animés, avec les spectateurs. D’une façon générale, nous sommes avec René les animateurs de ces débats. Mais l’étonnante spontanéité du public, animé d’un désir de parole libre, nous dépasse quelquefois. Tant mieux : c’est à eux que nous voulons donner la parole. L’idée de transmission et de dialogue se trouve au cœur de notre projet. À partir d’une réflexion sur l’histoire et la mémoire, nous voulons parler du présent et de l’avenir avec les Algériens et tenter de construire une passerelle entre hier et aujourd’hui. De cette évocation du passé, et en particulier de ce que fut le cinéma à cette époque - une arme importante, un instrument de mémoire et un art à son apogée dans les années 70 - nous constatons amèrement la situation difficile dans laquelle il se débat aujourd’hui. Nous partons à la rencontre de personnes et de structures qui font face à cette situation et de nombreux acteurs de la profession en témoignent. À ces témoignages viennent s’ajouter des séquences qui prennent la forme d’enquête. Le film est en quelque sorte tissé de différentes unités séquentielles qui se répondent, s’interrogent, se complètent. Différentes zones géographiques traversent le film, nous rendons ainsi compte des spécificités de chaque région. Notre documentaire permet de dresser différents portraits de gens combatifs et actifs et d’établir des passerelles d’une région à l’autre. Actuellement, le rôle et les actes de la France dans l’histoire de la (dé)colonisation créent une polémique ; la mémoire de la guerre d’Algérie reste douloureuse et fragmentaire. À l’heure où l’on s’interroge sur le passé colonial de la France, notre film se propose de fouiller la mémoire d’un pays qui fut pendant cent trente ans un département français. Nous avons tenté de montrer les traces de cette Histoire et les cicatrices qui subsistent encore, notamment dans le domaine du cinéma. Surtout, nous avons voulu donner la parole aux Algériens, qu’on n’entend pas ou trop peu.





Pictures © Hassan Mezine
Alger
Alger
Alger
Alger
Béjaïa
Cinébus / CDC
CDC / Alger
CDC / Alger
CDC / Alger
La Madrague
Boudjemaâ Karèche
Boudjemaâ Karèche
Tipaza
Béjaïa
Béjaïa
Béjaïa
Béjaïa
Biskra
Biskra
Biskra
Biskra
Biskra
Biskra
Biskra
Route Sud
Chott Melghigh
Tebessa
Route Sud
Zaatcha / Biskra
Zaatcha / Biskra
Zaatcha / Biskra
Zaatcha / Biskra
Zaatcha / Biskra
Biskra
Biskra
Tizi Ouzou
Tizi Ouzou
Tizi Ouzou
Tamanrasset